À PROPOS DU NOUAGE MASOCHISME, FEMININ ET PULSION DE MORT

10/01/2022

À PROPOS DU NOUAGE MASOCHISME, FEMININ ET PULSION DE MORT

Par Monique Lauret

 

RESUME

L’accès au féminin, dans son lent et laborieux cheminement, questionne son articulation au masochisme et à la pulsion de mort. Ce féminin fait souvent symptôme de par sa passivité, l’angoisse qu’il soulève, une intense angoisse de féminisation liée au risque de séduction qui pousse à son rejet, voire à sa destruction. Son cheminement peut rester bloqué dans certains fantasmes de la période œdipienne ou plus archaïques, ouvrant la porte au masochisme et à sesrépétitions, une « jouissance ruineuse » avait dit Lacan. Cet article s’articule autour d’une vignette clinique soulevant la question de la difficulté de certaines fins de cure et la réaction thérapeutique négative, un « non » comme manifestation de la pulsion de mort à l’état pur.

MOTS CLES :

Féminin, masochisme, pulsion de mort, bisexualité, réaction thérapeutique négative, angoisse de féminisation, hystérie.

 

 

 

Le féminin et le masochisme

Le féminin est classiquement lié au masochisme, ce que l’on retrouve dans la littérature, les arts ou dans l’esprit du grand public. Ce féminin est culturel et la banalisation de sa souffrance s’inscrit culturellement, que ce soit dans les questions de discriminations sociales, vestimentaires, dans les agressions sexuelles dites de harcèlement aux questions de viols individuels ou collectifs comme « arme de guerre », l’attaque destructrice du sexe féminin dans son être et son identité sexuée ne cesse d’advenir dans l’Histoire. Le devenir féminin est complexe depuis l’origine de l’humanité. Il a questionné depuis l’Antiquité la littérature, la religion et la mystique. Il questionne aussi l’Histoire et le rôle joué par les femmes, la sociologie et le rôle du féminisme aujourd’hui. Le féminin ne concerne pas que les femmes, il concerne les deux genres comme l’avait dégagé Freud dans son concept de bisexualité psychique, dans les Trois essais sur la théorie sexuelle1, mais qu’il laisse ensuite en suspens. La question de la bisexualité est un thème que Freud avait évité « le plus possible »2 disait-il à Fliess dans ses Trois essais. Dans son livre Le féminin, révolution sans fin, Gérard Pommier rappelle qu’une « hyperbolique exclusion du féminin » existe depuis les débuts de l’histoire et revient en bouclerégulièrement en répétition. «L’oppression des femmes est une constante dans l’Histoire »3.Violence subtile et insidieuse qui s’exerce à tous les niveaux jusqu’au rapport sexuel. L’intense régression quant au féminin qui existe dans de nombreux pays dans le monde en ce début du XXI° siècle, entre dans le cadre de cette répétition. Principe ou « contrainte » de répétition que l’on sait depuis Freud sous-tendu par la pulsion de mort, ce qu’il avait développé dans son article Au-delà du principe de plaisir en 1920. Gérard Pommier en lie une partie à la problématisation de cette position de féminisation passive subie par le désir incestueux du père, se différenciant ici de Lacan, en postulant le féminin comme objet cause du désir et restant délibérément freudien. Il se range pourrait-on dire aussi du côté de la théorie de la Séduction généralisée de Laplanche. Le père œdipien séduit les deux genres, la fille et le garçon activant le fantasme de séduction et le risque de féminisation passive qui provoque le réel de l’angoisse. C’est cette angoisse qui poussera psychiquement au fantasme œdipien de parricide, c’est à dire tuer le père imaginaire et refouler ainsi le féminin, il rejoint aussi par-là la pensée de Melanie Klein, dans cette dynamique de l’angoisse comme moteur qui poussera au cheminement des stades suivants. Le choix du genre se détermine pour à ce moment, ce qu’il nous disait déjà dans son livre précédent Que veut dire faire l’amour? Et parce que le désir du père est le féminin, ce féminin va devenir tabou et provoquer l’angoisse de féminin. C’est cette angoisse qui pousse aussi les hommes à rejeter leur féminin sur les femmes qu’ils vont dominer, oppresser et sur lesquelles éventuellement décharger leurs pulsions destructrices. Le féminin peut aussi être rejeté par les femmes dont le laborieux devenir psychique doit passer d’une position masculine, comme Freud l’avait montré (dans le psychisme de l’enfant, le garçon comme la fille a un pénis auquel il faut que la fille renonce), à une improbable féminité jamais atteinte et toujours remise en question, une « surréalité » féminine, comme il dit, dans une solitude de destin. Le féminin comme horizon de chaque femme est un destin qui la masque et la relance dans un considérable effort psychique, mais qui permet, une fois le chemin suffisamment parcouru, une fois cette solitude de destin assumée, d’obtenir cette suffisante distance de soi à soi, cette façon d’être au monde, cette puissance psychique qui trouve sa plénitude en soi et cette aptitude au bonheur, dont certaines femmes ont pu nous laisser traces dans leurs écrits. Je penserais par exemple à Julia Kristeva qui n’a pas été citée dans cet ouvrage, ou Catherine Millot. Cette connaissance intuitive du cheminement à parcourir pour les femmes était connu de certaines populations anciennes. Dans les minorités indiennes de l’Amérique du Nord, chez les Lakota par exemple, au début du XIXe siècle, les cérémonies de passage à l’âge adulte étaient ritualisées chez les jeunes filles qui devenaient femme, que l’on recouvrait alors de vêtements décorés et brodés. Ces broderies représentaient un alignement de lignes rouges successives, rangées et empilées, qui représentaient « le chemin que parcourent les femmes »4.

Le masochisme féminin est une des trois formes de masochisme définis par Freud dans son article de 1924 : Le problème économique du masochisme, avec le masochisme érogène et le masochisme moral lié à la culpabilité. Le masochisme féminin c’est « être la fille battue du père », fixée dans le fantasme de fustigation. Freud a désigné dans cette expression de masochisme féminin l’expression de « l’essence féminine »5, mais en fonction du cadre théorique de la bisexualité psychique, ce masochisme féminin est une possibilité immanente à tout être humain, ce que l’on retrouve souvent en clinique. Le masochisme féminin c’est aussi rester le phallus imaginaire de l’Autre, repoussant le moment de renoncer à l’Autre maternel tout puissant en restant dans la dialectique imaginaire. Ce à quoi est le plus souvent sujet l’hystérique, qui réfère refouler plutôt que de renoncer au phallus, restant ainsi dans le choix de la névrose. La pulsion de mort est interne au désir. La fonction phallique de la loi qui organise le rapport complémentaire d’un sujet masculin à un sujet féminin, rappelle Gisèle Chaboudez, « se constitue à l’origine en substituant cet objet féminin à la mère désirante, aborder l’acte sexuel selon ce rapport implique de se confronter pour partie à ce que la loi a exclu pour le construire. »6. On rejoint là toute la dialectique de l’Aliénation et de la Séparation, qui constituent les deux opérations subjectives définissant le rapport originel du sujet à l’Autre. Tant que la dialectique de l’imaginaire prévaut, le sujet est dans l’aliénation. Son identité reste mal démélable de celle de l’autre, qui sera à tolérer ou à détruire. Lacan lie l’agressivité à l’image spéculaire. L’image de l’autre peut équivaloir à l’objet imaginaire du désir où s’inscrit l’attrait érogène de l’objet a. Plus l’homme s’approche et donne corps à cet objet imaginaire est plus il est leurré, c’est le mythe de Narcisse. Dans la séparation, l’Autre naît de l’effacement de la Chose qui est le fait du sujet. L’Autre devient la métaphore de l’interdit de jouissance de la mère, c’est un lieu vidé de la jouissance, le sujet peut advenir. Dans le fantasme le sujet avait rapport à cet objet qu’il était pour cette jouissance, c’est ne l’étant plus qu’il devient sujet dusignifiant et peut véritablement rencontrer l’autre. Le sujet se constitue par le biais de la métaphore paternelle qui opère dans l’Œdipe ou dans la cure, en effaçant ce qui a trait à la jouissance de la mère.

Vignette clinique avec un fragment de cure

Je vais l’illustrer avec une courte vignette clinique que j’ai développée dans mon article « Scénario pervers d’une névrose ordinaire ou l’aménagement masochiste d’une névrose hystérique »7. Il s’agit de Lilian, elle était infirmière et vivait seule sans compagnon ni enfant. Elle souffrait d’une angoisse de solitude et d’abandon, dans un fonctionnement masochiste avec une grande passivité à l’égard des autres, une mésestime de soi, une inhibition très marquée et un complexe d’infériorité. Elle souffrait aussi d’insomnie depuis la plus petite enfance, d’une dépression évoluant depuis son entrée en sixième ayant nécessité une mise à l’époque sous Laroxyl ; mais le symptôme le plus marqué était gynécologique, des métrorragies invalidantes ayant nécessité plusieurs investigations invasives en cours d’analyse jusqu’à une hystérectomie. Sa vie affective et sexuelle était d’une grande pauvreté, une première relation sexuelle traumatique à 24 ans et un lien pendant deux ans à 26 ans avec un homme marié qui l’abandonnera sans explications. La grand-mère maternelle tiendra pour Lilian une place de seconde mère exigeante. Que son sexe « coule » n’était pas nouveau mais parlait depuis toujours, d’abord par une énurésie jusqu’à 11 ans, relayée par l’arrivée des règles et son cortège symptomatique. Lilian est fille unique, d’une mère non désirée et maltraitée par sa propre mère, violée à 20 ans par son patron, qui porte le nom d’une cousine morte, une « mère morte » selon André Green ; et d’un père frustre, qui avait vécu jusqu’à 40 ans avec sa propre mère, totalement absent et dénié dans le discours de sa femme. Une mère abusive narcissique avec sa fille, utilisée comme souffre « confidences » intrusives, à l’écoute à 13 ans des scènes de viol de sa mère ou de ses expériences de masturbation, dans un lien fusionnel incestueux qu’elle mettra des années à desserrer, lui permettant alors de voir et de communiquer enfin avec son père qui malheureusement débutera un Alzheimer au début de son analyse. Lilian incarne dans sa chair le sexe saignant de la mère. Elle dort dans la chambre de ses parents jusqu’à six ans, entend leur sexualité, « forcée » pour la mère. A six ans ils déménagent à Enceli, signifiant qui ressortira dans de nombreux rêves et elle se retrouve seule, « en ce li », dans sa nouvelle chambre où le symptôme énurétique débute. L’énurésie nocturne, fréquente se déroule dans un climat d’angoisses, de peurs et d’insomnie mais provoque l’arrivée de la mère qui la fesse et la met sur un bassin. Elle est surnommée la « pisseuse ». À huit ans, lors d’une consultation médicale pour l’énurésie, le médecin effectuera un geste traumatique pour elle, une pénétration urétrale avec un mandrin. Traumatisme sexuel qui fixera le fantasme d’être l’objet exposé nu dans un lit d’hôpital, le bassin surélevé sur lequel de nombreuses personnes lui font une irrigation du périnée. Un grand nombre de rêves se sont déroulés sur ce thème représentant une petite fille handicapée. Construction du moi idéal, i(a), dont elle commencera à se diviser dansl’avancée de l’analyse, un des rêves actera psychiquement cette avancée : « elle est sur un lit les jambes surélevées, on lui met un bassin et on la traite avec des irrigations sur le périnée, elle voit alors une petite fille handicapée qui est mise sur le bassin, puis elle se retrouve extérieure à la scène, à assister à côté de ses parents ». Le moi se retrouve dans plusieurs personnages du rêve dit Freud, le passage à l’extériorité de la scène signant la division.

Le début de l’analyse mettra à jour l’impact fantasmatique de la scène primitive autour du signifiant bruit et d’une porte qu’elle ouvre, de sa position d’observatrice d’un couple faisant l’amour déclinant plusieurs affects. Un des rêves fera la lumière sur son désir infantile « elle dort à « Enceli », dans le lit des parents et se masturbe. La mère fait irruption, puis le père, ils repartent en allumant la lumière, elle continue et des enfants entrent ». Elle pourra parler l’excitation ressentie quand elle entendait ses parents faire l’amour la poussant à se masturber, mélangée à la crainte que son père fasse mal à sa mère. Excitation aussi ressentie quand sa mère venait la fesser après l’épisode énurétique survenant plusieurs fois par nuit, alimentant un fantasme de fustigation qui a pu se parler au décours du rêve suivant : « elle est dans un hangar avec des militaires, elle a mal aux fesses, se retourne et voit qu’elle a des pansements d’escarres que quelqu’un enlève ». Freud nous rappelle en citant Jean-Jacques Rousseau, que « la stimulation douloureuse de la peau des fesses et bien connue en tant que racine érogène de la pulsion passive à la cruauté (du masochisme) »8. Cette scène primitive a eu sur l’enfant une influence de séduction, la traitant prématurément en objet sexuel et lui a appris à connaître la satisfaction venant des zones génitales qu’elle restait contrainte de renouveler de façon onanique. La masturbation pour Gérard Pommier, représente pour l’enfant une tentative de se séparer du corps maternel. L’élaboration dépressive de cette scène primitive sera accompagnée d’une intense régression orale, apparition de l’objet dit Lacan, dans une jouissance autoérotique, trouvant son objet dans le corps propre. De nombreuses séances durant plusieurs mois seront centrées dans cette dialectique orale, autour de rêves où elle dévore seule, mange pour deux,refusant de répondre à un homme qui l’appelle au téléphone. Cette phase illustre ce que Freud nomme première organisation sexuelle prégénitale, orale, cannibalique. L’activité sexuelle n’est pas encore séparée de l’ingestion de nourriture, le but sexuel consiste en l’incorporation de l’objet. Dans un des rêves de cette série, alternant avec des rêves de masturbation, « elle déguste un verre de vin blanc avec sa mère, et se dit que c’est aussi bon qu’un baiser avec un jeune homme ». Elle se réveille surprise. Sa grand-mère est représentée avec un pénis dans un rêve suivant lui permettant de mettre en mots et de comprendre les liens passionnels mère-fille et de son désir incestueux. Elle rêve « d’une petite fille qui a un tuyau noir qui sort de sa cheville, sa mère le lui réintroduit plusieurs fois, elle pense que la petite fille n’a pas mal ». Cette pénétration par le tuyau n’est pas sans évoquer le traumatisme sexuel de la pénétrationpar le mandrin du médecin. Ce moment de son analyse sera marqué par la nécessité d’une hystérectomie qui aura un effet castrateur assez positif ouvrant cette dialectique orale et permettant un début d’élaboration œdipienne autour de la figure du chirurgien. Le médecin ne pouvant être que l’Autre séducteur.

La cure de cette patiente a été très longue et très difficile, émaillée de nombreux temps de résistance et de transferts négatifs, dès que l’analyste risquait d’évoquer cet Autre tout-puissant de la préhistoire infantile. Freud relie l’appareil urinaire à la sexualité précoce du nourrisson, chez qui l’appareil sexué n’est pas encore développé. Il dit dans les premières éditions des Trois essais: «L’excitation sexuelle de la période du nourrisson fait retour dans les annéesd’enfance »9. L’hystérique a tendance à refouler le phallus imaginaire plutôt que d’y renoncer, expliquant les difficultés inhérentes à sa prise en charge. L’objectalisation progressive des autoérotismes œuvre à une différenciation, constitutive d’un Moi individué et d’une reconnaissance de l’objet ; et l’amour d’objet comme l’amour de transfert forme la condition des transformations des contenus non symbolisés de ces autoérotismes. Quand l’introjection des désirs devient possible, le va et vient entre auto et hétéro-érotisme, met fin à la dépendance objectale première et à la figure de l’objet primaire tout puissant.

Réaction thérapeutique négative et pulsion de mort

L’analyse difficile de cette patiente questionne aussi l’installation d’une réaction thérapeutique négative, dans sa difficulté à entendre les interprétations, à élargir son insight. La réécriture de son histoire a pu se faire mais la force d’attachement à ses objets infantiles et à cet Autre maternel tout-puissant joue dans cette difficulté à renoncer à ses satisfactions, alimentant son masochisme. Dans la réaction thérapeutique négative, Pontalis suggère que le patient ne veut pas échanger sa souffrance, son bien propre, contre une amélioration qui correspond à une attente de l’analyste. La logique du plaisir/déplaisir cède la place ou est recouverte par une logique du désespoir. « Fatalité » répète sans arrêt cette analysante. La réaction thérapeutique négative est une passion démesurée, destinée à guérir la mère folle intérieure10, dit Pontalis. Un mauvais objet indestructible qui garantit au sujet sa propre permanence. Ce « non » érigé en absolu est pour lui la pulsion de mort à l’état pur. Il est le premier après Freud à mentionner le rôle de la pulsion de mort dans ce phénomène psychique. Freud avait questionné les obstacles qui se trouvent sur le chemin de la guérison analytique. Il décrit dans Analyse avec fin et analyse sans fin, l’exemple assez similaire d’une jeune fille qui s’enferma dans la maladie et les fantasmes masochistes à la suite d’une ablation totale de l’utérus. « La force pulsionnelle constitutionnelle et la modification défavorable du moi acquise dans la lutte défensive, au sens d’une dislocation et d’une destruction, sont les facteurs qui sont défavorables à l’action de l’analyse et peuvent prolonger sa durée dans une impossible conclusion »11. C’est de la force pulsionnelle que dépend l’issue, dit Freud. J’avancerai l’hypothèse que l’intensité de cette force pulsionnelle est augmentée lorsque la structure psychique de la mère est trop sous l’emprise de la pulsion de mort, comme dans les cas décrits par André Green de « mère morte ». Que l’ancrage de la force pulsionnelle de l’enfant est lié au réel maternel. Et que dans ces cas, le fantasme archaïque de réparer la mère folle intérieure soit prépondérant. Il faut qu’il y ait de l’Autre avant de pouvoir le barrer !

Ce roc est déjà décrit par d’autres auteurs, « Ce point de vue a l’intérêt de mettre au premier plan la pulsion de destruction (plutôt que de mort, qui est plutôt désobjectalisante que destructrice) et comme Rivière, situe ce roc comme étant de nature mélancolique, en tant qu’attachement à la mère folle intérieure » 12, écrit Louise de Urtubey. Il peut aussi s’agir d’un repli face au monde extérieur vivant, ce qui ramène à la désobjectalisation. La libido tente deconstituer l’objet, la pulsion de mort s’exprime par la désintrication : déni, clivage du moi jusqu’à la « retraite narcissique » dont parle André Green puis jusqu’à la mort psychique13. Si la libido n’est pas occupée à une tache de liaison, elle devient une excitation insupportable. Rosenberg14 appelle le masochisme resté à l’intérieur du moi « noyau masochique érogène du moi », le surmoi étant une représentation interne de celui-ci. Un autre auteur, Potamianou15, lie aussi la réaction thérapeutique négative avec la pulsion de mort, dans le besoin masochiste de se punir soi-même, à l’activité du surmoi et au renoncement provoqué par le désespoir d’avoir détruit et failli à restaurer les objets internes. La réaction thérapeutique négative doit pouvoir se parler et s’analyser dans la cure, de façon à relancer la pulsion de vie, réanimer et sortir le vivre de l’enlisement qui le fige. La question de la réaction thérapeutique négative est poséedans un des derniers écrits techniques de Freud « Analyse avec fin et analyse sans fin »16, comment terminer une analyse puisque, à chaque fois, l’on a affaire à un roc ?

1 S. Freud, Trois essais sur la théorie sexuelle, OCF VI, PUF, 2006. 2 S. Freud, Cf Ibid, « lettre n° 285-23 juillet 1904 », p. 583.
3 G. Pommier, Féminin, révolution sans fin, Pauvert, 2016, p.13.11 S. Freud, « L’analyse avec fin et l’analyse sans fin », in Résultats, idées, problèmes, Puf, 1985, p. 236.

4 Exposition au musée Mc Cord, « Porter son identité – La collection premiers peuples », Montréal, novembre 2017.

5 J. Laplanche et J.-B. Pontalis, Vocabulaire de la spychanalyse, Puf, Quadrige, (1967), 2004, p. 232.

6 G. Chaboudez, Que peut-on savoir sur le sexe ?, Hermann Psychanalyse, 2017, p. 53.

7 M. Lauret, « Scénario pervers d’une névrose ordinaire ou l’aménagement masochiste d’une névrose hystérique », in Economies du masochisme, La clinique lacanienne n° 28.

8 S. Freud, « Trois essais sur la vie sexuelle », in G. W. IV, Puf, 2006, p. 129.

9 S. Freud, Cf Ibid, « Trois essais », note bas de page, p.125.

10 J.B. Pontalis, « Non, deux fois non », in NRP, n° 24.

11 S. Freud, « L’analyse avec fin et l’analyse sans fin », in Résultats, idées, problèmes, Puf, 1985, p. 236.

12 L. De Urtubey, Du côté de chez l’analyste, Puf, 2002.
13 M. Lauret, L’énigme de la pulsion de mort, Puf, 2014.

14 B. Rosenberg, « Pulsion de mort et intrication pulsionnelle ou pulsion de mort dans la construction de l’objet et l’appareil psychique ou la pulsion de mort et la dimension masochique de l’existence », in Monographie Masochisme mortifère et masochisme gardien de la vie, Puf, 1989.

15 A. Potamianou, « Figurations du Nirvâna et réaction thérapeutique négative », RFP LII, 4.
16 S. Freud, « Analyse avec fin et analyse sans fin », in Résultats, idées, problèmes, (1937), Puf, 1985.

 

 

 

 

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